
Pépito et le petit chat
De retour de promenade, Pépito et moi croisons un garçonnet assis sur les marches.
Il tient un chat dans ses bras.
Elle est tigrée et s’appelle Lora.
Il m’explique qu’elle ne sort jamais, et qu’elle a un peu peur maintenant.
Moi, je ne sais pas si Pépito à peur…
Mais je sais que je ne veux pas que le chien et le chat se retrouvent trop près l’un de l’autre.
Avant de partir pour justifier ma position, je raconte au petit garçon l’expression « s’entendre comme chien et chat ».
Pépito est un voleur de carottes
Pépito aurait-il, comme sa maîtresse, un goût prononcé pour les carottes ?
Autrement dit, est-ce que Pépito aime les carottes, alors qu’il n’est ni un cheval, ni même un lapin ?
Quand sa maîtresse coupe une carotte crue en rondelle, il arrive qu’une rondelle s’échappe et atterrisse sur le sol de la cuisine.
Où qu’il se trouve dans l’appartement, Pépito a entendu la chute et il arrive rapide comme l’éclaire, mais sans même que sa maîtresse ne le remarque…
Elle, elle découvre tout quand elle aperçoit la rondelle de carotte dans son panier.
Intacte.
Il ne l’a même pas grignotée.
Et si Pépito était un voleur…
Pépito est malin
Pépi, comme le petit Gris-Gris, aimerait dormir dans la chambre de sa maîtresse toutes les nuits.
Lui, c’est sous le lit qu’il est heureux. Dans une boîte tapissée de vieux vêtements.
De temps en temps, sa maîtresse laisse sa porte entrouverte pour qu’il puisse rentrer.
Surtout quand il y a des pétards dehors ou des aboiements de chiens qui lui font peur.
Car Pépi est un petit chien sensible au bruit.
Mais on ne sait pas vraiment pourquoi, la maîtresse de Pépi ne veut pas que cela devienne une habitude de dormir dans sa chambre.
La plupart du temps, elle veille à bien fermer la porte.
Un soir, alors qu’elle se brosse les dents, elle aperçoit son malin petit Pépi qui vient voir si, par chance, la porte de la chambre est ouverte.
Elle ne l’est pas et il fait demi-tour ! Sagement.
Pépito assistant petit tailleur
Un petit tailleur, un tailleur tout court ou même un grand tailleur coud ou raccommode des vêtements. Souvent, il est assis en tailleur.
Aujourd’hui, la maîtresse de Pépito veut raccommoder un couvre-lit qu’elle aime beaucoup. Il est de couleur vert olive et même si cette couleur n’est pas tout à fait assez vive à ses yeux, le couvre-lit est très beau, car il est soyeux comme s’il était parcouru de fils d’or.
Elle l’a acheté avec les sous de sa maman à elle, ce qui donne encore plus de valeur à l’objet.
Mais Pépito a lui aussi découvert qu’il aimait beaucoup le couvre-lit.
Malheureusement, lui, il ne l’aime pas avec ses yeux, avec ses pattes ou ses poils seulement, il l’aime avec sa langue et ses minuscules crocs.
Plusieurs fois, après s’être étonnée de ne plus l’entendre du tout, la maîtresse de Pépito l’a trouvé dans sa chambre à coucher en train de vider le couvre-lit de son molleton. Il grignotait d’abord la partie attaquée, la trouait, et petit à petit sortait le coton blanc qui donne son moelleux au couvre-lit.
Il a fait tant de trous que la maîtresse se demande si le couvre-lit n’a pas fini sa vie de couvre-lit.
Elle cherche dans les magasins, dans les boutiques et sur les marchés, mais n’en trouve nulle part d’aussi joli.
Aussi, aujourd’hui, elle s’assied en tailleur, prend le grand couvre-lit sur ses genoux, enfile un beau fil de soie sauvage vert olive dans le chas de l’aiguille et commence le patient travail de reprisage.
Très vite, Pépito vient se coucher sur le bord distal, cela veut dire le bord éloigné, du couvre-lit.
D’abord, il fait mine de dormir, puis sa maîtresse entend un petit bruit suspect : il tète le tissu et s’apprête à le croquer pendant que sa maîtresse le raccommode de l’autre côté. Elle lui crie « Non, petit coquin ! ». Il cesse tout de suite.
Pépi aime les frites
Pépi et sa maîtresse se rendent parfois dans un café du quartier. Une cours d’admirateurs trouvent que Pépi a une jolie frimousse, des yeux tout pétillants et une queue magnifique. Pépi s’en moque, il n’est pas sensible aux compliments. Il esquive les caresses et, quand il est très inspiré, renifle du bout de la truffe les doigts qui se tendent vers lui. Non, lui, ce qu’il aime dans ce café, c’est slalomer entre les pieds de chaise à la recherche de frites abandonnées. Il a bon goût Pépi, car les frites sont bonnes dans ce petit troquet. Mais maintenant c’est l’été, le café a fermé. Il faut bien se reposer. Les fenêtres ont les volets baissés, la porte est vérouillée. Pourtant, à chaque passage, Pépi veut y aller. Il tire et tire encore vers la porte close. Pépi a bonne mémoire et c’est bientôt la rentrée !
Pépi et les chaussures
Pépi adore les chaussures. En tout cas, c’est ce que sa maîtresse pense, mais sans comprendre tout à fait pourquoi. Quand il reste tout seul à la maison, quand sa maîtresse va travailler au-dehors, il n’arrache pas le papier peint du corridor, il ne décroche pas la robe de chambre de sa maîtresse comme il le fait parfois la nuit, il ne ronge pas les coins du petit tabouret comme il le fait le soir, non, Pépi fait pousser des chaussures sur le tapis du salon. Une botte noire à haut talon, une paire de chaussures en caoutchouc blanches et un godillot à tout faire. Drôle de pelouse et fleurs inhabituelles. La botte noire est plus grande que Pépi et la paire de chaussures blanches bien lourde. De toutes ses petites forces, Pépi les a tractées puis remises d’aplomb. Mais comment ? Et pourquoi ? Le tapis est sa tanière et les chaussures son butin ? La botte en cuir est un peu sauvage : elle est née comme peau de vache ou peau de veau, son odeur est encore forte de son animalité et quand Pépi la mâchouille, elle résiste sous la dent. Les bottes en caoutchouc sentent bon la transpiration des jours de pluie où la maîtresse de Pépi n’a pas mis de chaussettes.
Pépi a-t-il peur qu’on vole sa croquette ?
Pépi a d’autres intérêts dans la vie que de manger. Alors souvent, ses croquettes attendent bien longtemps avant d’être mangées. Il se passe quelque chose de complètement différent si sa maîtresse dépose une friandise de chien comme cerise sur son gâteau de croquettes. Une friandise de chien, ça peut-être un petit morceau d’intestin de bœuf séché, un sabot de vache ou un morceau de saucisse d’âne. Alors là, comme si Pépi Pépito était le conducteur d’un avion à hélice, un cavalier sur son pur sang ou un orang-outan, il fonce en piqué sur sa gamelle, prend dans ses mâchoires d’habitudes adorables le petit bout de plaisir et file très loin de sa maîtresse. Pour l’engloutir. Quand il y a plusieurs petites friandises, et qu’il ne peut en prendre qu’une dans sa gueule, il recommence son manège : il vient ventre à terre, saisit le bitzeli et repart comme un voleur.
Mais de quoi a-t-il peur ?
Sa maîtresse ne va pas lui reprendre la douceur qu’elle lui a donnée !
En langage de professeur de comportement de chien, cela s’appelle la protection de ressources. C’est un réflexe que Pépi a hérité de ses ancêtres, qui l’ont hérité de leurs ancêtres qui l’ont hérité de leurs ancêtres et ainsi de suite jusqu’au moment où les ancêtres étaient à moitié chien et à moitié loup et que les êtres humains avaient encore plus faim que les chiens-loups eux-mêmes. Dans la nature, les humains ne savaient pas chasser, contrairement aux loups.